Un peu de lecture #8 | Truskool. Une histoire du graffiti à Toulouse

La première fois que j’ai mis les pieds à Toulouse fin 90, j’avais été frappé par tous ces murs peints qui coloraient la ville. C’est quand je m’y suis installé quelques années plus tard pour un long moment que j’ai découvert des artistes particulièrement incroyables. Certains sont reconnus aujourd’hui internationalement comme Tilt, Ceet, Miss Van, Fafi et tant d’autres. Mais avant ça, la ville rose s’était déjà bâtie une belle histoire et une solide réputation dans la scène graffiti française.

Grâce à Olivier Gall, l’auteur du livre « Truskool. Une histoire du graffiti à Toulouse », j’ai enfin pu découvrir les prémices de cette scène toulousaine absolument captivante. Passionné par l’art urbain et en autre co-fondateur de la regrettée galerie GHP, qui m’a d’ailleurs permis de découvrir Dran, Amandine Urruty et consorts, il retrace à travers cet ouvrage une trentaine d’année de cultures urbaines, allant de la genèse du graffiti à Toulouse, puis passant par la reconnaissance des protagonistes à l’international, jusqu’à l’héritage qu’ils ont offerts à la ville d’aujourd’hui.

Le graffiti a fait son apparition à Toulouse au milieu des années 80, avec seulement une poignée d’acteurs fortement inspirés de l’underground new-yorkais. Tous découvraient ce nouveau mode d’expression avec un nouveau terrain de jeu qui n’avait de limite que le ciel, parmi lesquels certains passionnés ont émergé et ont donné naissance à l’un des groupes les plus influents de l’histoire du graff’ français : Truskool. Une aventure humaine qui va durer plusieurs années où les acteurs vont faire les 400 coups, jouant au chat et à la souris avec les forces de l’ordre et la municipalité, qui à l’époque n’avaient pas conscience du phénomène. Mais peu importe, la liberté de peindre était plus forte que tout.

À travers ce livre, l’auteur se pose une question fondamentale : la ville de Toulouse réunissait-elle des conditions particulières à la constitution d’un tel mouvement, ou bien celui-ci est-il né d’un simple concours de circonstances ? Et même s’il nous donne les clés, la réponse n’est pas vraiment claire. Une part de magie a dû faire le reste du travail….

L’ouvrage est passionnant et se lit avec délectation. Il dresse le portrait d’une génération d’artistes audacieux grâce à des anecdotes et des récits, richement documentés (photos et coupures de presse), qui sont aujourd’hui respectés et invités à travers le monde. Intéressant aussi de voir le parcours des membres de Truskool, d’hier à aujourd’hui, de voir ce qui les a amené à ce qu’ils sont actuellement, grâce à leur audace, leurs rencontres et leur motivation. Ce groupe d’ami est pour ma part une référence qui pousse le collectif vers le haut et on a l’impression de partager un bout de leur histoire et de leurs aventures tout au long des 288 pages.

Bref, j’ai réellement éprouvé du plaisir à la lecture de ce livre et je pense que si vous vous intéressez de près à l’art urbain ou à la belle ville de Toulouse, vous allez forcément en apprendre beaucoup.